4 mars 2015

Le droit de grève menacé

En pleine tourmente politique, alors que les grèves tournantes et générales secouent la société belge, un article est particulièrement bien mis en évidence par La Libre Belgique le 15 décembre dernier.
Son titre : Mesdames, Messieurs les syndicalistes, je n’aime pas la haine qui ressort de vos messages.
Son auteur : "contribution lecteur Une opinion de Jacques Mouton, étudiant en droit et internaute de LaLibre.be."  Quelle belle vitrine ce jeune garçon reçoit-il là !  En toute innocence ?

Bien écrit, son article ne respirait hélas pas l'impartialité.  Je me suis donc senti "imparti" du devoir de le démonter dans une sorte de "droit de réponse" décalé.  "Décalé" car depuis que La Libre Belgique impose les réseaux sociaux pour réagir à son contenu, je me suis désolidarisé du site.

Concrètement...

Sous couvert de bienséances comme "Je suis pleinement conscient que le droit de grève est un droit fondamental" et blablabla, et blablabla, notre jeune Jacques s'offusque du caractère unilatéral de la grève, du poids de celle-ci sur les non-grévistes, sur sa légitimité, etc...  il n'en rate pas une.  Grossièrement, il voit et souligne l'action syndicaliste sans jamais se rendre compte de l'action patronale, voire capitaliste qu'elle contrebalance.

Allons-y !

  1. Vous auriez pu peut-être vous informer de manière plus approfondie sur l'historique du droit de grève, ses fondements, son fonctionnement.  Pour faire court, je vous invite à (re)lire le poème du pasteur Niemöller qui, décidément, s'applique à bien des situations.  Je vais bientôt l'ériger au titre d'argument universel ; mes amis comprendront,... n'est-ce pas Charlie !  Vous aurez compris à cette lecture que j'associe la majorité "silencieuse" des non-grévistes à celles évoquées par le pasteur Niemöller !

  2. Sur la légitimité, vous ne vous questionnez pas sur les élections sociales.  Bien sûr, vous n'avez pas encore intégré le monde du travail.  Vous savez, celui que vous prétendez défendre.
    Lors des concertations sociales avec le patronat et/ou le gouvernement, vous pourriez vous interroger sur la légitimité des représentants dudit patronat, non ?  Le lobbying, vous connaissez ?
    Avec le temps, les décisions prises pour former l'accord de gouvernement après de long mois de tractations sont devenues presque des Lois de facto.  Plus besoin d'en discuter au Parlement et encore moins au Sénat.  Si c'est dans l'accord de gouvernement, ce sera accepté majorité contre opposition.  Je ne pense pas que notre débat démocratique ait été conçu pour "fonctionner" ainsi ; que du contraire !  Puisque les accords sont censés passer sans coup férir, faut-il s'étonner que les réactions syndicales se fassent entendre avant que le vote-mascarade n'ait lieu et que la population soit placée devant le fait accompli ?  Alors ?  Écririez-vous toujours "C’est bien le gouvernement qui gouverne" ; risible, non ?  Il serait peut-être bon que notre gouvernement revienne à ce rôle premier plutôt que de s'occuper de tâches qui incombent aux autres instances de notre démocratie (ou ce qui en reste) !
    Je profite de l'occasion pour appuyer le seul point positif de votre réaction.  Effectivement, un gouvernement démocratique n'est pas synonyme de la représentation de toutes les opinions de chacun ; amalgame que font de nombreux frustrés du résultat des urnes.  Mais il est amusant qu'ici vous ne laissiez pas le même crédit au rapport qui unit syndiqués et non-syndiqués !

  3. Politique ou pas politique ?  Là, je ne vous comprends pas bien.  Si les syndicats, comme le patronat, ne sont pas des hommes politiques, leurs actions le sont éminemment !

Je pense que votre position unilatérale est à l'image de ce que nous retournent, nous ressassent, nous abreuvent, nous martèlent les media majoritaires ; ceux dont le métier est de moins en moins lié à l'étique et de plus en plus lié à leurs annonceurs... et leurs propres patrons-propriétaires !  Et à force de la lire et de l'entendre, on finit par y donner un crédit : ni argumenté, ni mérité !  Votre texte, malgré toutes les précautions que vous formulez s'évertue à mettre en doute le droit de grève et à ce titre, il constitue une menace pour sa pérennité !

Une précision s'impose : je ne suis pas syndiqué et je m'insurge également face aux dérives du droit de grève.  Mais je ne cible pas les mêmes causes et encore moins les mêmes problèmes.  Je me contenterai de souligner ici le plus grossier ; à savoir la facilité et la faculté de grève des secteurs liés aux infrastructures de transport (routier, chemin de fer, aérien) sans commune mesure avec celles des secteurs non-marchands de l'enseignement et surtout de la santé !  C'est un autre débat.

Pour conclure, dans un monde où les inégalités n'ont jamais été aussi démesurées et où l'argent est le premier moteur de décision, comme vous l'écrivez, moi aussi, "je voudrais d’une société où ceux qui se sont battus pour réussir n’aient pas à en rougir…" !

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